L'ACTUALITE DU JOUR
* * * * NOUVEAU Mardi, 21 mai 2019. L’Eglise de la décadence théologique, pastorale et liturgique que les évêques ont mise en place au cours des années 1970 est en train de vivre ses derniers moments : elle s’effondre, morceau par morceau... Chute de la pratique dominicale en raison de la multiplication des « célébration-tagada » faites - nous dit-on - pour plaire aux fidèles et les attirer, baisse du nombre de baptêmes et de confirmations, remplacement systématique de la liturgie des défunts par des « cérémonies-simagrées » avec témoignages, chants sirupeux, larmoiements et applaudissements...
Dernier signe de l’effondrement : après celui de Lille, c’est le séminaire de Bordeaux qui ferme ses portes faute de candidats (source « La Croix »). Précisons que le séminaire de Bordeaux “formait” les séminaristes venant de sept diocèses : Bordeaux, Périgueux, Angoulême, Agen, La Rochelle, Limoges et Tulle. Un autre séminaire est en sursis : c’est celui du plus grand diocèse de France, celui de Strasbourg.
Malgré tous ces signes, nos évêques ne comprendront jamais : ils ne veulent pas comprendre et ne peuvent plus comprendre, étant eux-mêmes les « bons élèves » - quoique moins radicaux que leurs maîtres - des curés dévastateurs et des supérieurs de séminaires progressistes des années noires de l’après-concile.
* * * * NOUVEAU Mardi, 21 mai 2019. Message reçu d’un internaute :
« Voici le résultat de la liturgie bavarde et de la communion dans la main : dimanche dernier une amie a assisté à une messe de premières communions. Elle n’a jamais eu de bon catéchisme et a baigné dans le modernisme le plus pur des écoles dites catholiques, mais a conservé quand même un minimum de réflexes chrétiens.
Elle me téléphone pour me dire avoir été outrée. Au moment de la communion les enfants étaient agités et distraits. A leur retour à leur place, ils avaient les bras ballants et rigolaient : « C’est incroyable maintenant, on n’apprend plus aux enfants à se tenir convenablement. » Pire, me dit-elle : « Une dame de +/- 35 ans est allée à la communion, elle est revenue hostie en main, elle a demandé à ses deux garçons +/- 4 et 5 ans, s’ils voulaient “goûter”. Rien de moins ! Devant leur refus, elle a avalé l’hostie. »
Pourquoi mon interlocutrice a t-elle été outrée ? Parce qu’elle ne peut pas comprendre la logique qu’il y a dans les éléments constitutifs de ce genre de “messe”. Elle ne peut pas comprendre que le blabla du célébrant, les interventions incessantes des catéchistes, et une préparation à “la fête de la Foi” fassent voler en éclats le sacré et la piété.
Voilà le résultat désastreux de ces messes style “fête des mères” où les enfants sont les vedettes du jour et le célébrant un humoriste de mauvais goût. »
Conclusion : l’apostasie est institutionnalisée.
* * * * Lundi, 20 mai 2019. L’Eglise traverse une très grave crise dont la source principale est le remplacement, d’abord progressif aux lendemains de Vatican II et habituels aujourd’hui, de la liturgie de l’Eglise, clairement définie, par des fausses liturgies dictées par l’opinion de chacun. A ces fausses liturgies correspond une fausse doctrine qui ne tient plus compte du contenu des textes liturgiques et du sens des rites. A travers la plupart des messes actuelles, l’Eglise est rendue incapable se s’affirmer, d’affirmer et de transmettre sa foi. Dès lors, la porte est ouverte à toutes sortes d’adaptations doctrinales et morales. Il est clair que les prêtres qui ne respectent pas la liturgie « sommet et source de la vie de l’Eglise » ne changent pas le catholicisme : ils l’anéantissent purement et simplement ; ils brouillent l’enseignement du Fils de Dieu pour le remplacer des idées opportunistes, variables, éphémères, mortifères.
* * * * Lundi, 20 mai 2019. « Qu’un évêque ordonne quelque chose (en vertu de son autorité formelle) ne suffit pas à rendre cet enseignement vrai ou à obliger les catholiques à une obéissance aveugle. Il faut pour cela que les indications des pasteurs soient ancrées dans l’Ecriture, la Tradition et les définitions de foi de l’Eglise.
Prenons un exemple : l’ordre donné par un évêque de distribuer la sainte communion aussi à des non-catholiques va contre la foi et ne peut être suivi. Les sanctions que l’évêque prendrait [à l’encontre d’un prêtre qui refuserait d’obéir à cet ordre] sont sans effet ou levées par le pape et ses tribunaux. »
Cardinal Gerhard Ludwig Müller
* * * * Lundi, 20 mai 2019. Dans la soirée du 14 mai, à Rome, dans l’auditorium du centre culturel de Saint-Louis des Français, le cardinal Robert Sarah a surpris tout le monde. Alors que le public s’attendait à ce qu’il présente son dernier livre « Le soir approche et déjà le jour baisse » traitant de la crise de la foi dans l’Eglise, le cardinal a immédiatement déclaré : « Ce soir, je ne parlerai pas du tout de ce livre ». Et la raison - a-t-il poursuivi - est que « les idées fondamentales qui y sont développées ont été illustrées, exposées et brillamment démontrées en avril dernier par le pape Benoît XVI dans les “notes” qu'il avait rédigées en vue de la rencontre des présidents des conférences épiscopales initiée par le pape Français pour traiter la question des abus sexuel. »
Le cardinal Sarah a précisé : « La [réflexion du pape Benoît] s’est révélée être une véritable source de lumière dans la nuit de la foi qui touche toute l’Eglise. Elle a suscité des réactions qui ont parfois touché à l’hystérie intellectuelle. Je me suis senti personnellement blessé par la misère et la grossièreté de plusieurs commentaires. Nous devons nous convaincre que le théologien Ratzinger, dont la stature est celle d’un vrai père et médecin de l’Eglise, a vu juste et touché le cœur le plus intime de la crise de l’Eglise. »
Et le cardinal d’expliquer : « Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi simplement de le mentionner : “Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En fin de compte, la raison est l’absence de Dieu.” C’est à partir de ce point que doivent commencer toutes les recherches sur le scandale des abus sexuels commis par les prêtres, afin de proposer une solution efficace. »
Joseph Ratzinger souligne les effets de la crise de foi sur la vie des prêtres et sur la formation des séminaristes. Il dénonce « l’étendue tragique des pratiques homosexuelles », qui sont aussi « des manifestations douloureuses de perte de foi ».
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler ici qu’au cours des « années noires » (1970 et ss.), trois futurs fondateurs de Pro Liturgia s’étaient rendus à Rome et avaient remis directement au cardinal Ratzinger un dossier constitué par les témoignages reçus de séminaristes français qui « osaient » révéler ce qui se passait dans leurs maisons de formation respectives : des directeurs de séminaires influents attiraient à eux les jeunes candidats au sacerdoce ouverts aux liturgies démembrées, à la théologie inconsistante, à la morale suffisamment élastique pour admettre des relations homosexuelles. Les séminaristes qui n’étaient pas dans cette « ligne » étaient aimablement écartés des ordinations au motif que leur « manque d’ouverture d’esprit ne leur permettrait pas d’être prêtres dans l’Eglise de demain. »
Il nous faut reconnaître ici que nous avons retrouvé, dans les récentes « notes » de Benoît XVI, des passages laissant clairement entendre que les faits rapportés à celui qui était à l’époque préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi ont été conservés pour pouvoir, complétés par d’autres témoignages reçus, être utilisés au moment opportun.
Pour lire l'intégralité de l'intervention du cardinal Sarah, cliquer ici.
* * * * Lundi, 20 mai 2019. On n’est pas encore sortis de la crise !

Ce prêtre n’hésite pas à introduire l’accordéon-musette dans la liturgie... Il paraît que « ça plaît » : critère imparable permettant de balayer d’un air de java tous les enseignements de l’Eglise, y compris ceux de Vatican II dont il ne cesse de se réclamer.
Il est vrai qu’au cours de certaines messes paroissiales, faire chanter aux fidèles « boire un petit coup c’est agréable » paraît bien mieux adapté au style liturgique que ce qui porte au silence, à la contemplation, au respect du Mystère célébré.
* * * * Samedi, 18 mai 2019. A lire sur la page "Etudes" de notre site internet : à l'école des moines.
* * * * Vendredi, 17 mai 2019. Tableau comparatif (simplifié) du déroulement des deux formes de la messe romaine : CLIQUER ICI.
* * * * Vendredi, 17 mai 2019. C’est très bien de demander aux fidèles de s’agenouiller en signe d’adoration aux moments prévus par la liturgie.
Mais il faudrait, pour cela, demander aux évêques de remettre dans les églises les agenouilloirs qui ont systématiquement été enlevés par leurs prédécesseurs. Par la même occasion, on pourrait leur demander de rétablir les bancs de communion qui, en plus de permettre aux fidèles de se mettre à genoux pour recevoir le Corps du Christ, délimitaient clairement l’espace sacré dans lequel un laïc n’a pas à pénétrer s’il ne participe pas au service d’autel.
Rappelons, pour les fidèles qui n’ont pas vécu cette époque, qu’au cours des années 1970 - les années noires - le fidèle qui s’agenouillait durant la messe était considéré comme un dangereux « traditionaliste ». Les évêques d’alors, ont tout fait pour supprimer de la liturgie cette attitude jugée désuète et « peu conforme au renouveau voulu par Vatican II ». Et comme cela ne suffisait pas, ils favorisèrent aussi la suppression du « Je crois en Dieu » qui, pendant des années, ne fut plus dit aux messes, ainsi que la suppression du rite du lavement des mains à l’offertoire et de l’embolisme qui suit le « Notre Père » (dans certaines paroisses retardataires, cet embolisme est toujours supprimé puisque le célébrant fait immédiatement suivre le « Notre Père » par « car c’est à toi qu’appartiennent... »). Pour finir, ajoutons que pendant longtemps, les fidèles furent invités par les célébrants à chanter la doxologie qui termine la Prière eucharistique : « Par Lui, avec Lui... »
Qui se souvient encore de ces pratiques encouragées par les évêques ? Qui peut encore nier que la démolition de la liturgie fut en grande partie l’œuvre de nos pasteurs diocésains de l’immédiat après-concile ?
* * * * Jeudi, 16 mai 2019. Le 22 février 2018, le cardinal Reinhard Marx annonçait, en tant que président de la conférence des évêques d'Allemagne, l’ouverture de la communion aux protestants mariés avec un catholique. Suite à cette prise de position, le cardinal néerlandais Willem Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht, a demandé une clarification au pape, le 7 mai 2018 dans une tribune publiée sur les sites « National Catholic Register » et « La Nuova Bussola Quotidiana ». Un an après cette tribune, Jeanne Smits est allée à la rencontre du cardinal Eijk pour faire un point sur l’intercommunion et sur la situation de l’Eglise. Extraits des déclarations du cardinal Eijk :
« (...) Dans notre diocèse cela fait déjà un bon moment qu’à l’occasion des grandes cérémonies nous attirons l’attention sur le fait que seules les personnes vivant en communion complète avec l’Eglise catholique, peuvent recevoir la communion. Les autres peuvent s’avancer, les bras croisés sur la poitrine, pour recevoir une bénédiction. Nous précisons encore : « Vous pouvez également tout simplement rester à votre place pour vous y unir au Seigneur par une prière silencieuse. » Ce texte, nous l’avons également intégré dans les livrets de cérémonie, par exemple pour les ordinations sacerdotales, les confirmations… Dans de nombreux endroits, nous constatons que les personnes en tiennent compte. On voit partout des gens s’avancer les mains croisées sur la poitrine ; ce sont souvent des protestants mariés avec des catholiques. Ces personnes se montrent très heureuses de cette bénédiction. Elles apprécient beaucoup de pouvoir s’avancer avec les autres, et de recevoir quelque chose, elles aussi. (...) A la suite de ce document de proposition allemand sur l’intercommunion, et en raison de ce plaidoyer explicite de cardinaux en faveur de la bénédiction des relations homosexuelles, j’ai demandé au pape de faire la clarté, tout simplement à partir des documents du magistère de l’Eglise. Eh bien, à ce jour, la situation reste inchangée. Il n’y a pas eu de réaction, du moins publique. Et cela signifie que la confusion à propos de ces questions reste grande parmi les catholiques. (...) »

J’ai moi-même fréquenté l’école secondaire à Amsterdam au cours de la deuxième moitié des années 1960 ; j’ai commencé en 1965. Les deux premières années, j’ai bénéficié d’un catéchisme excellent. Tout a commencé au cours de l’année 1967-68. Les cours de religion étaient encore dispensés par des prêtres mais on y parlait de tout sauf de la foi. C’étaient des séances de débat, on avait le droit de fumer, on discutait de l’avortement et de Che Guevara, et de je ne sais quoi encore (...). La foi n’était plus à l’ordre du jour. Et cela fait cinquante ans. La génération de ceux qui sont aujourd’hui grands-parents a déjà assez peu reçu. Et puis, que ne s’est-il passé au cours des années qui ont suivi ? Ainsi nous nous trouvons devant une tâche gigantesque. »
Au sujet du flou d’ « Amoris laetitia » : « (...) sur le fondement de quelques éléments et d’une note de bas de page, (...) on voit aujourd’hui certaines conférences épiscopales publier des documents pour dire que, si on a fait un parcours d’accompagnement avec un prêtre et qu’on a recherché un discernement avec lui, alors les personnes divorcées et civilement remariées peuvent recevoir la communion à un moment donné. Certaines conférences épiscopales ont réglé les choses ainsi, de très nombreuses conférences épiscopales n’ont rien réglé du tout, et d’autres conférences épiscopales ont dit exactement l’inverse. Eh bien, ce qui est vrai à un endroit A ne peut pas être faux à un endroit B. Cela va à l’encontre d’un des principes de la philosophie, le principe de non-contradiction - ce que l’on apprend en tant que séminariste dès l’introduction à la philosophie : c’est un des principes fondamentaux de la logique, de la pensée. Oui, je trouve important que l’on fasse la clarté, que les gens sachent où ils en sont. (...) Je voudrais d’abord faire remarquer que ce ne sont pas seulement les croyants qui ont droit à la vérité, mais tous les hommes. Jésus nous a envoyés pour annoncer l’Evangile dans son intégralité - y compris le passage où il affirme que le mariage est un et indissoluble - à tous les hommes. De telle sorte que tous les hommes ont droit à l’annonce de l’Evangile. Ils ont le droit d’avoir au moins la possibilité de rencontrer le Christ et d’apprendre à le connaître. Cela implique donc que nous en ayons vraiment le souci. (...)
Il y a aussi la réception des sacrements. Lorsque nous célébrons l’Eucharistie - et même si je la célèbre dans ma chapelle privée - alors je ne le fais pas seulement pour moi ou pour les personnes qui sont présentes et qui communient. Je le fais pour l’Eglise dans son ensemble, pour les diocèses, pour la communauté des fidèles, et aussi pour ceux qui ne croient pas. Et même pour ceux qui ne participent pas à l’Eucharistie et qui n’y songeraient ni de près ni de loin : on prie aussi pour eux. Le sacrifice est offert pour eux aussi, et il a un sens pour eux. Donc, j’aimerais vraiment recommander la messe quotidienne aux laïcs. Et la confession régulière. Et la pénitence – au temps de l’Avent et du Carême, mais aussi en dehors de ces périodes. On peut la faire de diverses manières et c’est vraiment une chose que l’on peut faire pour les autres. Offrir ses souffrances : il faut pour ainsi dire les poser sur la patène, afin qu’elles soient assumées dans le sacrifice du Christ. Ces souffrances, on peut aussi les offrir au profit de ceux qui se sont retrouvés dans la confusion, et y ajouter la prière pour que ces personnes puissent trouver la foi. »
A propos de la pratique religieuse : « (...) Comme je l’ai dit, la crise a éclaté dans le période dans lequel j’étais élève à un lycée à Amsterdam, entre 1965 et 1971. En 1965, tous les lycéens allaient toujours à la messe le dimanche avec leurs parents. D’ailleurs cela ne se discutait pas. En 1971, en classe de terminale, nous étions deux tout au plus. Ce qui vous permet de voir la vitesse avec laquelle tout cela s’est produit. Toute une génération de jeunes menait alors volontiers la guerre, le dimanche matin, pour refuser d’aller à l’église. Ils ont décidé en masse : « Nous n’irons plus, nous prenons la porte de l’Eglise. » N’oubliez pas que ce sont les grands-parents d’aujourd’hui. Ils n’ont pas transmis la foi à leurs enfants, et ne parlons même pas de leurs petits-enfants. Voilà la situation à laquelle nous sommes confrontés. Elle se révèle également par le nombre de catholiques. En l’an 2000, il y avait encore plus de 5 millions de catholiques aux Pays-Bas. En 2015, nous ne sommes plus que 3,8 millions : voyez l’allure à laquelle le chiffre descend. Les catholiques plus âgés se meurent ; et à l’heure actuelle, dans plus de 50 % des cas, les parents catholiques ne font plus baptiser leurs enfants. Il est impossible que le nombre de fidèles ne diminue pas. Selon les statistiques, quelque 17 % des catholiques fréquentent l’église de temps en temps. Ce peut être par exemple à l’occasion de funérailles, parce qu’on connaît la personne, et naturellement, on y va. Mais si on regarde la vraie participation à la messe dominicale, celle-ci s’est effondrée, elle représente aujourd’hui entre 4 et 5 %. »
Et à propos de l’orientation de la liturgie : « Un journaliste qui parle bien souvent de manière critique à mon propos avait écrit par dérision que [je ne célébrais même pas] ad orientem parce que dans cette chapelle, l’autel est face au nord-ouest. Pourquoi construisait-on jadis les églises ad orientem ? On se tournait pour prier vers l’est, là où le Soleil de justice, le Christ, s’est levé. Mais au bout du compte cela ne fait pas vraiment de différence : l’église peut aussi avoir une autre direction. Par les mots ad orientem, nous signifions que nous célébrons la messe tournés vers le Christ. Quelqu’un d’autre a écrit de manière critique que maintenant, je célèbre la messe en tournant le dos au peuple. Non, je ne célèbre pas la messe dos au peuple, je la dis en tournant mon visage vers le Christ, vers le tabernacle, de telle sorte que chacun dans l’église ou la chapelle est également tourné vers le Christ.
Au départ, ce qui a tout déclenché était en réalité une raison très pratique. La chapelle est néo-gothique, mais l’autel auxiliaire qui a été installé au cours des années 1960 était une table renaissance - pour le connaisseur d’art, il était évident qu’elle n’y était pas à sa place. Je dois dire aussi que cet autel était assez bas, ce qui n’est pas pratique pour le célébrant - surtout quand on vieillit. J’ai désormais des lunettes bifocales, la lecture devient compliquée. Et c’est maladroit. Il y avait donc une raison liée à l’histoire de l’art - l’autel auxiliaire déparait ; une raison pratique - il était trop bas ; et il y avait une troisième raison. Le maître-autel de la chapelle est orné d’un très beau panneau en bois gravé représentant les saints évêques d’Utrecht : Willibrord et d’autres. C’est un autel qui existait avant que cet immeuble ne devînt le palais archiépiscopal et qu’on n’y accole cette chapelle construite à cette occasion. (...) Voilà donc une série de raisons pratiques pour dire que nous préférions célébrer au maître-autel. Je dois dire que je l’ai fait plusieurs mois avant que la chapelle ne soit mise en travaux pour sa restauration, et que cela m’a vraiment très bien convenu. Ensemble avec le peuple, on est vraiment tourné vers le Christ. Je ne célèbre plus avec le dos au Christ mais en regardant vers le Christ, qui est présent sous le sacrement de l’Eucharistie dans le tabernacle. S’il n’y avait que moi, on pourrait faire ça partout. C’est une chose qu’on ne peut évidemment pas imposer parce que le concile Vatican II a autorisé la présence d’un autel auxiliaire, et il y a également des raisons pratiques à cela - dans certaines églises ce serait impossible. Mais je trouve très beau de célébrer ainsi. Je trouve cela enrichissant. (...)
Je dois dire que l’actuelle génération de prêtres en fait déjà beaucoup pour expliquer la foi - comme je l’ai dit, c’est quelque chose que j’ai constaté chez les candidats actuels à la confirmation, bien plus au fait de ce que signifie ce sacrement qu’il y a une vingtaine d’années. Et c’est déjà un très grand pas en avant.
La liturgie est de plus en plus souvent célébrée selon le missel d’autel, alors même que les Pays-Bas ont été le vrai centre de la liturgie expérimentale. Pendant la deuxième moitié des années 1960, le nec plus ultra était d’improviser l’ensemble de la messe, et nous avions même commencé à apporter des modifications à la liturgie dès avant le concile Vatican II.
C’est chez nous que tout a commencé. Espérons que les Pays-Bas puissent être aussi un peu à la source d’un redressement. Je crois que nous avons pris le bon chemin mais nous pourrions en faire bien davantage ! »
Source : « L’Homme Nouveau » (article à lire en totalité).
* * * * Jeudi, 16 mai 2019. Amy-Jill Levine, une historienne juive américaine spécialiste du Nouveau Testament, a donné une leçon d’exégèse au pape François.
Amy-Jill Levine, qui étudie depuis longtemps le judaïsme des premiers siècles, en a assez d’entendre le pape François traiter sans cesse de « pharisiens » ceux qui ne pensent pas comme lui et qu’il qualifie systématiquement de « rigides », d’ « hypocrites », d’ « égoïstes »...
Pour l’historienne, cette caricature aux relents antisémites, ne correspond pas à ce qu’enseigne le Nouveau Testament où l’on voit que les rapports entre Jésus et les pharisiens ne sont pas toujours polémiques. Il y a des pharisiens dont Jésus lui-même dit qu’ils étaient « proches du règne de Dieu » pour le primat qu’ils donnaient au commandement de l’amour du Dieu et du prochain.
Lire la totalité de l’article ici.
* * * * Jeudi, 16 mai 2019. Au cours des compétitions sportives, on est debout pendant l’interprétation des hymnes nationaux des pays auxquels appartiennent les équipes adverses. Un footballeur qui irait se promener sur le terrain pendant que retentit un hymne national passerait pour un mufle et serait immédiatement sanctionné. Aller s’asseoir passerait également pour un signe ostensible de contestation, d’irrespect.
Pour un catholique soucieux de ne pas passer pour un mufle la question de la posture à adopter au cours d’une célébration a son importance. Comment doit-on se tenir au moment de l’ « Orate fratres » (Prions au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise) ? Comment recevoir la communion ? Un célébrant peut-il dire aux fidèles de rester assis pendant la longue lecture de la Passion le dimanche des Rameaux ou le Vendredi saint ?
Les fidèles catholiques, qu’ils soient clercs ou laïcs peuvent donner des réponses divergentes à ces questions. Ils peuvent aussi ne pas savoir pourquoi telle posture accompagne une action donnée. Mais une chose sur laquelle les catholiques peuvent s’accorder est que les postures sont importantes. Debout, assis et à genoux sont des attitudes porteuses de significations : ce sont des expressions corporelles de sentiments internes.
Le Catéchisme de l’Eglise catholique nous le rappelle : « Dans la vie humaine, signes et symboles occupent une place importante. L’homme étant un être à la fois corporel et spirituel, exprime et perçoit les réalités spirituelles à travers des signes et des symboles matériels. Comme être social, l’homme a besoin de signes et de symboles pour communiquer avec autrui, par le langage, par des gestes, par des actions. Il en est de même pour sa relation à Dieu. » (cf. n.1146)
Les éléments que les catholiques ont utilisés pour fonder la liturgie sont d’abord présents dans leur humanité. Sur le simple plan humain, être debout signifie être disponible, être prêt à servir, respecter la personne face à laquelle on est ; être assis peut signifier qu’on est passif ou aussi que l’on réfléchit, que l’on est concentré ; s’agenouiller traduit l’humilité, l’abaissement devant une personne à qui l’on doit le respect.
On voit, grâce à cet exemple des attitudes, que la liturgie présuppose notre condition humaine. Puis elle la guérit, l’élève et la perfectionne.
On peut en dire autant de l’orientation de la liturgie. Reprenons l’exemple de la compétition sportive : lorsque des sportifs défilent derrière le drapeau de leur pays, ils marchent tous ensemble dans la même direction. On n’imagine pas le porte-drapeau marchant à reculons pour faire face à ceux qui le suivent... En liturgie aussi, tous les fidèles, le célébrant y compris, devraient regarder dans la même direction, en sorte qu’apparaisse plus clairement encore l’unité de l’assemblée.
Mais la liturgie chrétienne n’a pas que des bases humaines : elle est également de nature divine, comme le rappelle clairement le dernier Concile qui souligne que tout ce qui est humain doit être soumis au divin. Aux sens naturels des attitudes et des postures s’ajoutent donc d’autres significations qui, elles, ont été révélées. Ainsi, être debout ne signifie pas simplement être prêt : c’est aussi adopter l’attitude du Christ victorieux et ressuscité que saint Etienne voit « se tenir à la droite de Dieu » (Actes 7, 55). S’asseoir n’est pas le signe qu’on est fatigué ou qu’on veut se relaxer : c’est le signe qu'on veut se mettre dans une attitude d’écoute attentive de la Parole de Dieu pour la prendre à cœur. Le Nouveau Testament donne de nombreuses significations à l’agenouillement : c’est l’attitude de l’humilité, de la déférence, de la supplication, de l’adoration.
On voit que la liturgie bien comprise et correctement célébrée est une véritable école, non seulement de formation chrétienne, mais aussi de formation humaine. Jésus n’est pas venu pour simplement révéler Dieu à l'homme ; il a aussi voulu révéler l’homme à lui-même : « Le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. Adam, en effet, le premier homme, était la figure de celui qui devait venir, le Christ Seigneur. Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation. » (cf. Gaudium et Spes, n. 22)
Puisque Jésus nous est totalement présent dans la célébration liturgique, laissons-Le nous former à travers la liturgie qui lui est due : par là, nous serons non seulement des citoyens du monde d’ici-bas, mais aussi des citoyens de la Jérusalem céleste vers laquelle nous avançons.
* * * * Mercredi, 15 mai 2019. Le cabinet d’architectes « Ulf Mejergren » de Stockholm propose de construire, sur la cathédrale Notre-Dame, une piscine propice à la « méditation aquatique » - avec vue sur Paris - pour remplacer la toiture dévastée par le récent incendie
Bien qu’aucun concours n’ait été officiellement lancé, plusieurs cabinets d’architectes se sont déjà attelés à des projets faisant appel aux nouvelles techniques de constructions. On peut donc craindre le pire...
* * * * Mercredi, 15 mai 2019. Le professeur Arnaud Join-Lambert, de la faculté de théologie catholique de Louvain (B), a lancé un vibrant plaidoyer en faveur de l’accès au diaconat féminin en avançant que toutes les femmes « qui exercent durablement un ministère de type diaconal » dans l’Eglise devraient être ordonnées.
Deux remarques à ce sujet :
1) Il conviendrait d’abord de vérifier si nombre de femmes qui toupillent dans le chœur des églises en s'imaginant exercer un indispensable ministère ne sont pas précisément celles qui agacent les célébrants sérieux et font fuir les fidèles ;
2) Les propos du professeur Join-Lambert sont loin d’être originaux : ce sont exactement ceux qu’on entendait déjà dans les années 1970 et suivantes dans nombre de séminaires diocésains. Ils ont d’ailleurs tellement « tourneboulé » les esprits des futurs prêtres qu’ils ont eu comme résultat un tarissement des vocations sacerdotales.
* * * * Mercredi, 15 mai 2019. Pour la majorité des fidèles catholiques, prêtres et évêques y compris, la liturgie romaine se décline selon deux forme : la forme « extraordinaire » et la forme « ordinaire ».
Tout comme le maître en philosophie expliquait à M. Jourdain que « tout ce qui n’est point prose, est vers ; et tout ce qui n’est point vers, est prose », on pourrait croire que tout ce qui n’est pas « extraordinaire » est « ordinaire » et tout ce qui n’est pas « ordinaire » est extraordinaire ».
Mais en liturgie, ça ne marche pas comme ça. Du moins dans la pratique. Car tout ce qui n’est pas « extraordinaire » n’est pas inéluctablement « ordinaire ». La forme « extraordinaire » du rite romain, on sait ce qu’elle est : partout où elle est célébrée, le prêtre suit les rites donnés par le missel communément appelé « de S. Pie V ». Par contre - et c’est là qu’apparaît la difficulté - seul un très petit nombre de fidèles connaissent la forme « ordinaire », c’est-à-dire la forme que devrait avoir la liturgie romaine suite à sa restauration voulue par Vatican II. La raison en est très simple : les messes auxquelles on peut assister dans les paroisses où l’on se réclame du Concile ne sont que très rarement conformes à la forme « ordinaire ». D’où cette confusion qui dure depuis le dernier Concile dès qu’on aborde avec quelqu’un la question de la liturgie.
Dans les paroisses, en effet, les messes suivent la « colonne vertébrale » du rite liturgique : pénitence, lectures, offertoire, prière eucharistique, communion. Par contre, tout ce qui vient se greffer autour de cette « colonne » n’a généralement aucun rapport avec ce que devrait être la forme « ordinaire » du rite romain. Preuve en est, cette infinie variabilité des messes paroissiales, lesquelles changent selon le célébrant, selon l’assemblée, selon l’heure de la célébration, selon l’équipe d’animation liturgique, selon l’organiste, selon le directeur de chorale, selon les orientation de la pastorale liturgique diocésaine, etc.
Soyons honnêtes et reconnaissons que la forme « ordinaire » de la liturgie romaine, laquelle donne la priorité à la célébration « versus orientem », à l’usage du chant grégorien pour les pièces du Propre (chant des textes du jour) autant que pour celles de l’Ordinaire (Kyrie, Gloria, Credo, etc.) et interdit aux célébrants d’ajouter, d’omettre, de changer quoi que ce soit dans les rites et les oraisons... cette forme-là n’existe quasiment pas. Dès lors, annoncer que telle messe sera célébrée selon la forme « ordinaire » du rite romain, n’a généralement pas de sens. Dans le meilleur des cas, ce sera une messe au cours de laquelle les habituels cantiques seront remplacés par des pièces grégoriennes, mais sur le plan strictement liturgique, il ne faudra pas chercher ou demander plus.
Tout comme la forme « extraordinaire » de la liturgie romaine, la forme « ordinaire » doit se présenter sous une forme cohérente, invariable, dignement célébrée et impérativement soustraite aux fantaisies du célébrant.
Ce n’est donc pas en ajoutant du grégorien et de l’encens à une liturgie habituellement célébrée de façon instable et variable qu’on obtient ipso facto la forme « ordinaire » du rite romain. En réalité, on ne fait bien souvent que porter un nouveau coup à l’unité et à la justesse du rite romain.
* * * * Mercredi, 15 mai 2019. Dans la cathédrale de Santiago du Chili, les fidèles ont été autorisés à se mettre à genoux pour recevoir à nouveau la communion dans la bouche.

Cette histoire montre le côté ubuesque de la situation dans laquelle se trouve actuellement la liturgie : les fidèles doivent obtenir l’autorisation de leur évêque - gardien et promoteur de la liturgie, dit-on - pour pouvoir faire comme l’Eglise leur demande de faire !
* * * * Mercredi, 15 mai 2019. Message envoyé par un internaute :
« Patrimoine en danger !
Le 15 avril dernier, le monde vivait en direct le gigantesque incendie qui réduisait en cendres la charpente et la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le choc fut brutal, l’émotion contagieuse. Pourtant, trois jours ne s’étaient pas écoulés depuis ce fatidique Lundi saint qu’un autre danger menaçait la première église de France. En effet, le discours officiel, immédiatement relayé par les réseaux sociaux, proposait déjà des photomontages avec flèche futuriste en verre et titane, ou charpente métallique abritant une serre géante. A l’afflux massif de dons répondait la sentence présidentielle : il faut que la cathédrale soit restaurée en 2024, pour les Jeux olympiques !
Essayons de comprendre les enjeux d’une telle restauration.
Certes, comme la majorité des cathédrales dite « gothiques », Notre-Dame de Paris est un édifice inachevé. Bien entendu, la physionomie du bâtiment tel qu’il se présentait jusqu’au 15 avril dernier résultait des restaurations/reconstructions menées au XIXe siècle. Du coup, le fait qu’une partie du bâtiment ne soit pas « authentique », c’est-à-dire du Moyen-Âge, justifie-t-il son éventuelle mise au goût du jour ?
Lorsque l’architecte Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) entreprit le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris en 1843, il disposait d’une somme d’informations recueillies, après des années d’investigations, sur l’ensemble des cathédrales de France. Mais à l’époque, l’imagination était reine, et les architectes n’avaient aucun scrupule à inventer, à idéaliser des éléments disparus, ou n’ayant jamais existé ; c’est une composante du Romantisme. Qui plus est, les techniques de construction du milieu du XIXe siècle faisaient encore la part belle à la pierre et au bois… comme au Moyen-Âge.
Il en va tout autrement aujourd’hui. Imaginez une charpente en titane, ininflammable, légère et résistante aux efforts mécaniques. Avec une pente et un revêtement appropriés, elle redonnerait à Notre-Dame l’aspect que nous lui connaissions avant le drame, tout en supprimant le risque d’un incendie futur. Et quel pèlerin se soucie de savoir comment est faite une charpente qu’il ne voit même pas ?
Par contre, la flèche pose un tout autre problème : celle qui vient de s’éteindre n’était pas d’origine. Viollet-le-Duc l’avait « accordée » à l’ensemble de l’édifice, et personne n’en fustigeait la hauteur sans doute excessive, ou l’ornementation quelque peu extravagante.
Vouloir mettre la flèche de Notre-Dame au diapason du XXIe siècle est certes un choix possible. Prenons cependant garde à ce qu’il n’oppose pas l’ambition à la fidélité, l’arrogance à la reconnaissance. Et puis, rappelons tout de même que Notre-Dame de Paris est le siège de l’évêque métropolitain catholique de Paris, et que son vocable se réfère à Marie de Nazareth, la mère de Jésus. Il n’est pas admissible de confisquer cet édifice pour en faire le flambeau républicain du pouvoir politique soutenu par une haute finance conquérante.

Mais Charmauvillers n’est pas Paris, et Villeneuve d’Amont n’a rien d’une capitale… »
* * * * Mardi, 14 mai 2019. En 2008, à l’occasion du 20e anniversaire de « Pro Liturgia », Mgr Marc Aillet, alors vicaire général dans le diocèse de Fréjus-Toulon, avait accepté de venir donner une conférence aux membres de notre association (à lire ici).
A son retour dans son diocèse, il apprenait que le pape Benoît XVI souhaitait le nommer évêque de Bayonne.
Dix années se sont écoulées depuis cette nomination durant lesquelles Mgr Aillet s’est attaché à ouvrir un séminaire dans le diocèse dont il est le pasteur, en vue de former des prêtres tels que l’Eglise les souhaite.
A l’évidence, la formation reçue à Bayonne n’a plus aucun rapport avec celle qui avait cours dans les séminaires diocésains au cours des années 1970-90 et dont on disait qu’elle préparait les prêtres de l’ « Eglise de demain ». L’ « Eglise de demain » à laquelle rêvaient bon nombre de prêtres il y a 30 ou 40 ans est devenue l’Eglise d’aujourd’hui ; et le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne répond pas aux attentes de ceux qui en furent les promoteurs.
A Bayonne, Mgr Aillet, qui est membre de la Communauté Saint-Martin, a rapidement compris que pour susciter de nouvelles vocations sacerdotales, il fallait redresser la barre, répondre aux aspirations des jeunes avides de spiritualité roborative, voir les choses de façon radicalement différentes, appliquer le Concile sans le déformer et célébrer la liturgie de l’Eglise sans la trahir.
Les résultats de sa pastorale sont à voir ici.
* * * * Mardi, 14 mai 2019. L’Exhortation apostolique « Christus vivit » que le pape François a offerte aux jeunes de l’Eglise le 25 mars dernier, insiste particulièrement sur la liturgie en tant que moyen par lequel les jeunes peuvent découvrir la volonté de Dieu dans leur vie.

Le pape François rappelle ainsi que l’enthousiasme suscité par des liturgies de qualités et portant à la contemplation est indéniable.
Dans cette même Exhortation, le pape François insiste sur l’importance du chant et de la musique dans la liturgie pour permettre aux jeunes d’entrer dans la prière de l’Eglise : « L’importance de la musique est tout à fait particulière (...) Le langage musical représente aussi une ressource pastorale qui interpelle en particulier la liturgie et son renouveau. » (cf. n.226)
Si l’on fait le lien entre ces deux passages cités de « Christus vivit », on comprend que les jeunes peuvent être attirés par des liturgies au cours desquelles le chant et la musique ne sont pas là pour distraire mais pour donner accès au silence de contemplation.
* * * * Mardi, 14 mai 2019. Comment respecter la liturgie quand on ne l’a pas apprise, quand on ne la voit plus dans les paroisses ?
Le « bricolage liturgique » que dénonçait si justement le cardinal Ratzinger et qui est aujourd’hui une caractéristique essentielle de nombreuses célébrations paroissiales, prouve à l’envi que la liturgie n’est plus ni connue, ni comprise. Durant des années, elle n’a plus été enseignée dans les grands séminaires diocésains. Pire : il était recommandé de ne pas la respecter ! Comment alors demander qu’elle soit célébrée correctement dans ces conditions si défavorables ? Pour répondre à cette question, il faut distinguer deux choses : premièrement la connaissance de la liturgie, et deuxièmement la mise en oeuvre de la liturgie.
Parlons d’abord de la connaissance. Grâce à internet, tout le monde peut avoir accès à des documents essentiels qui peuvent être à la base d’une formation minimale. Nous ne donnerons ici que trois titres, car mieux vaut se limiter à des choses simples et complètes, plutôt que de butiner à droite et à gauche pour ne trouver que des informations disparates et souvent incomplètes. Ces titres sont :
- l’Exhortation post-synodale « Sacramentum Caritatis », qui donne un aperçu très complet sur ce que doit être la liturgie aux yeux de l’Eglise... et donc pour le coeur du baptisé ;
- la Conférence donnée à Rome par Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, qui explique de façon brève et claire dans quelle direction aller pour retrouver l’authentique liturgie ;
- le « Cérémonial de la Sainte Messe à l’usage ordinaire des paroisses », qui constitue un guide sûr pour qui veut mettre fidèlement en oeuvre des célébrations liturgiques dignes et priantes.
Tels sont les textes et les études de références sur lesquels tout fidèle - qu’il soit prêtre ou laïc - aura intérêt à s’appuyer dès qu’il souhaite aborder une question d’ordre liturgique. Les autres publications du genre « guide de l’animateur liturgique », même si elles sont largement diffusées et - hélas - employées, devront impérativement trouver leur vraie place : celle des rebuts. Car on doit désormais impérativement considérer comme étant définitivement révolu le temps où ces publications faisaient davantage autorité que le Missel romain dans les paroisses.
Venons-en à la mise en oeuvre de la liturgie. C’est la partie la plus difficile car le passage de la théorie à la pratique n’est pas toujours aisé. Il y a pourtant, au départ, des choses très simples à faire pour qui souhaite rehausser la qualité des célébrations en se basant sur les études citées plus haut :
1. Mettre de l’ordre dans le choeur des églises : dans le sanctuaire, chaque chose doit être à sa juste place et rien de ce qui n’est pas prévu dans le Missel romain ne doit venir encombrer l’espace sacré. Autant dire qu’il faut rapidement supprimer les panneaux, les banderoles, les affichettes... et autres collages parfois aux couleurs de l’arc-en-ciel de la gay-pride.
2. Veiller à ce que tous les éléments utilisés dans la liturgie forment un ensemble harmonieux. Aucun clerc ne devrait plus porter ces affreuses « aubes-sacs » qui, portées sans cordons, flottent lamentablement et de façon à favoriser les comportements disgracieux des célébrants ; plus aucune messe ne devrait être désormais célébrée sur un de ces simili-autels qui ressemblent à des caisses, à des tables... à n’importe quoi, sauf à l’autel du sacrifice du Christ ; aucun prêtre ne devrait plus célébrer la Messe sur un autel où la croix et les cierges ne sont pas disposés symétriquement. Car la dissymétrie amène le déséquilibre, le bancal.
3. Veiller à ce que tous les acteurs de la liturgie sachent exactement leur rôle, connaissent la place qui est la leur, et aient une tenue digne : ne sont-ils pas pitoyables, ces célébrants qui se tiennent près de l’autel, bras ballants et mentons dans leurs cols roulés, comme s’ils attendaient en s’ennuyant la fin de la célébration ? Comment peuvent-ils espérer, en affichant une telle désinvolture, donner l’exemple et donner à croire aux fidèles que la liturgie est le trésor les plus précieux que nous offre l’Eglise ?
4. Veiller à ce que les chants exécutés au cours des célébrations soient des chants de qualité et soient des chants directement greffés sur la liturgie par leurs mélodies et leurs paroles. Ce n’est pas parce qu’un chant plaît à une assistance ou à une chorale qu’il peut ipso facto être qualifié de « liturgique » : il est des chants à la mode qui apparaissent dans les célébrations puis qui disparaissent sans laisser la moindre trace. Or l’éphémère n’a jamais été capable de transmettre quoi que ce soit de solide d’une génération à une autre ; en liturgie encore moins qu’ailleurs ! Il faut donc retrouver impérativement le goût et l’usage du chant grégorien, chant liturgique par excellence (et dans ce domaine, le fait que le grégorien plaise ou ne plaise pas au célébrant n’a aucune espèce d’importance : il doit occuper la première place, dit le Concile).
Contrairement à ce qu’on croit, le grégorien n’est pas difficile : il est simplement exigeant, ce qui n’est pas du tout la même chose.
Contrairement à ce qu’on croit, le grégorien n’est pas élitiste : il est éminemment populaire ; et il faut rappeler ici que c’est le peuple qui l’a en grande partie transmis de générations en générations en des siècles où la notation musicale n’existait pas. Contrairement à ce que l’on croit, il n’est pas nécessaire d’avoir étudié le latin pour saisir le sens (on ne parle pas ici de la signification de chaque mot) d’une pièce grégorienne : le sens se communique à l’intelligence propre à chaque fidèle par « capillarité », par une imprégnation qui s’opère par la répétition des mêmes mots, des mêmes formules. C’est souvent plus efficace que de longs discours... et bien moins fastidieux. A ceux qui pensent encore qu’il faut être un « crac » en latin pour chanter du grégorien demandons-leur s’il faut savoir la langue de Shakespeare pour réussir à surfer à peu près correctement sur le « web » en évitant les « spams » et les « bugs »... tout en ouvrant les « mails ». Au sortir d’une messe célébrée en latin, le professeur de la Sorbonne qui maîtrise Cicéron dans le texte n’est pas davantage sanctifié que l’ouvrier qui n’a jamais fait de longues études classiques.
5. Veiller à ce que les mariages et les enterrements soient l’occasion de célébrer la liturgie de l’Eglise et non des « sketch » généralement imaginés et souhaités par des gens qui ne mettent jamais les pieds à l’église. Les mariages et les enterrements sont effectivement - et malheureusement - les moments où l’on voit et où l’on entend dans les églises les pires niaiseries (les organistes en savent quelque chose).
Un prêtre devrait donc être capable d’expliquer aux familles qui viennent le trouver qu’il n’est pas le maître de la liturgie ; il devrait être capable de leur montrer le Missel romain (permettre aux fidèles de voir et de toucher ce gros livre en ces occasions-là est très pédagogique) et de leur dire que s’ils choisissent de venir à l’église, c’est qu’ils ont confiance en l’Eglise et donc qu’ils s’engagent à respecter les rites et les prières données par l’Eglise qui exigent d’être accomplis et dites dans le calme et le recueillement.
A qui pourra-t-on faire croire que le sacrement du mariage est quelque chose de sérieux si, pendant sa célébration, on autorise Tata Ginette à lire son poème composé pour la circonstance ou si l’on permet à l’oncle Jules d’y pousser la chansonnette parce que « ça plaît à la grand-mère du marié » ?
La vraie question d’ordre pastoral qu’il faut se poser ici n’est jamais de savoir si une liturgie plaît ou ne plaît pas, mais de savoir si elle est catholique ou si elle ne l’est pas. Et elle ne l’est pas quand elle ne respecte pas ce que l’Eglise demande de faire. Car « lorsque, dans les réflexions sur la liturgie, on se demande seulement comment la rendre attirante, intéressante et belle, la partie est déjà perdue. Ou bien elle est opus Dei avec Dieu comme sujet spécifique, ou elle n’est pas » disait Benoît XVI lors de sa visite chez les cisterciens d’Heiligenkreuz.
6. Ce qui vient d’être dit pour les messes de mariage ou de funérailles est aussi valable pour ce qu’on appelle communément les « messes de jeunes ». Jésus a déclaré de façon très claire : « Si vous ne devenez comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » (Mt 18, 3). Par ses paroles, le Seigneur nous a appris que l’enfant est le symbole par excellence de la perfection de la vie spirituelle. De là le respect et l’attention profonde dont il doit bénéficier de la part des adultes. Mais de là aussi la profonde absurdité des « messes de jeunes » imaginées par des adultes qui, parce qu’ils n’ont plus des âmes d’enfants leur permettant d’entrer simplement dans la spiritualité liturgique de l’Eglise, croient que les enfants ne savent apprécier que des célébrations bêtifiantes.
Les enfants, précisément parce qu’ils ont une vie spirituelle qui leur facilite l’entrée dans le Royaume des Cieux, ont une prédilection pour les belles liturgies qui, lorsqu’elles sont célébrées fidèlement, sont un reflet de la liturgie céleste ; les enfants aiment les « vraies » messes et, même s’ils ne le disent pas, détestent ces adultes qui les prennent pour des attardés mentaux en les obligeant à participer à des « messes de jeunes » qui ne sont en réalité que des liturgies frelatées incapables de laisser la moindre trace dans les mémoires et les coeurs.
Voici d’ailleurs ce qu’écrivait l’Abbé Berto à ce sujet : « La prière, composée exclusivement de paroles empruntées à la liturgie et choisies avec soin parmi les plus expressives, accoutume l’enfant à modeler sa propre prière sur la prière de l’Eglise, elle lui imprime de bonne heure dans l’esprit des formules chargées de ce sens, fortes, sobres, prenant appui sur le fond même des mystères chrétiens, propres enfin à inspirer l’aversion tant pour ce bavardage spirituel, ce multiloquium que le Verbe incarné interdit à ses disciples, que l’aversion pour les excès de l’émotivité, de l’affectivité dans la prière. Je n’hésite pas à dire que ce dernier danger est très grand, très redoutable. Pourquoi tant de chrétiens sont-ils moins pieux dans l’âge adulte que dans l’enfance ?
L’une des causes, et non la moindre, c’est que la façon dont on les a accoutumés à prier les a laissés persuadés que la prière est émotion et effusion. Comme ils se sont trouvés, en grandissant, moins capables de cette émotion et de cette effusion, ils ont conclu que la piété n’est pas leur affaire, qu’ils ne sont pas organisés pour la piété. (...) On rencontre (...) des âmes très saintes, très près de Dieu qui, parce qu’une éducation mal dirigée les a imprégnées de la même erreur, se désolent de n’être pas pieuses. C’est comme si, à trente ans, on se désolait de n’avoir plus de dents de lait. L’expérience montre que cette confusion entre la piété et l’émotion a beau recevoir mille démentis, une fois implantée, elle est pratiquement indéracinable: il faut donc l’empêcher de s’enraciner, et le meilleur, peut-être l’unique moyen de l’en empêcher, c’est l’éducation liturgique. »
L’Eglise n’entend pas qu’on adapte la liturgie au peuple - quel que soit son âge - et il faut donc rejeter cette proposition faussement évidente que la liturgie doit se plier aux goûts supposés d’une catégorie particulière de fidèles.
7. Il serait enfin nécessaire de limiter considérablement les concélébrations qui, en ayant lieu dans un endroit donné pour donner l’illusion que les participants sont en nombre, privent de la messe dominicale bien des fidèles qui n’ont pas les moyens de se déplacer en même temps qu’elles obligent tous les concélébrants à se plier au diktat des équipes interparoissiales chargées de préparer ce genre de happening. Tout prêtre devrait aussi refuser de concélébrer, même avec son évêque, dès lors que ce dernier ne lui garantit pas que la liturgie sera fidèlement respectée. Il en va de la crédibilité des pasteurs.
Quelle stratégie faut-il alors suivre pour se « réapproprier » la liturgie et ainsi mettre peu à peu un terme définitif à la désintégration du rite romain ? La réponse tient en trois points.
Premièrement, il faut que les prêtres qui célèbrent dignement et fidèlement la liturgie (quitte à se démarquer de ce qui se fait partout ailleurs) soient déculpabilisés, encouragés, aidés par les fidèles qui eux-mêmes tiennent au respect du Missel. Ces prêtres-là ne font en réalité que ce qu’ils doivent faire et comme ils doivent le faire et aucune équipe liturgique locale, aucun évêque ne saurait le leur reprocher.
Deuxièmement, il faut que les paroisses où la liturgie est respectée soient connues afin de pouvoir servir de modèles. Car c’est à partir de ces lieux d’exemplarité qu’une véritable reconquête de la liturgie pourra être entreprise au bénéfice de la foi.
Il faut, par conséquent, que les desservants de ces paroisses puissent se connaître, entrer en contact les uns avec les autres, s’entraider, se « booster » mutuellement... Bien utilisé, Internet peut pour cela se révéler un outil utile.
Troisièmement enfin, il ne faut plus que les fidèles aient à se contenter d’avoir de temps en temps, ici ou là, une « messe correcte »... ou « moins pire que d’habitude ». La qualité et le respect de la liturgie ne sont ni négociables ni optionnelles et il faut donc que la liturgie soit partout et toujours célébrée comme elle doit l’être et non comme la communauté locale ou le groupe paroissial veut qu’elle soit célébrée. Ce point capital, qui est du ressort de la compétence des évêques diocésains, « gardiens et promoteurs de la liturgie de l’Eglise », ne saurait en aucun cas être zappé pour des motifs pastoraux plus ou moins basés sur des arguments fallacieux tels que le « pluralisme », la « charité », l’ « ouverture aux autres », etc.
Il ne tient finalement qu’aux évêques que la liturgie cesse enfin d’être un chantier permanent qui éloigne de plus en plus les fidèles de l’Essentiel, ou encore un champ de bataille sur lequel se battent des groupes de baptisés plus ou moins rivaux : il leur suffit pour cela de donner eux-mêmes l’exemple et de veiller à ce que partout, en toute circonstance, on suive fidèlement les normes de la célébration données par l’Eglise. Benoît XVI a toujours rappelé que « plus que jamais, le monde a besoin aujourd’hui d’une liturgie ayant la force de résister au culte de l’ego, à l’idolâtrie du “je - moi - mon”, au terrorisme du subjectivisme. La nécessité du respect des normes liturgiques n’est pas un rabat-joie : elle nous apporte plutôt une grande liberté nous permettant d’accéder à la joie véritable. » (Voir “L'esprit de la liturgie” et autres documents).
* * * * Mardi, 14 mai 2019. Dans le Psaume 109 « Dixit Dominus », nous chantons un verset qui dit : « Juravit Dominus et non poenitebit eum, tu es sacerdos in aeternum secundum ordinem Melchisedech. » (Le Seigneur l’a juré sans retour: tu es prêtre à jamais, selon l’ordre de Melchisedech).
Le pape Benoît XVI a expliqué les paroles de ce psaume, lesquelles sont en rapport avec le sacerdoce du Christ :
« (...) D’abord, il ne faut pas oublier que Jésus n’était pas un prêtre au sens de la tradition juive. Il n’appartenait pas à la descendance d’Aaron mais à celle de Judas et était ainsi exclu de la voie sacerdotale. La personne et l’activité de Jésus de Nazareth ne se trouvent donc pas dans le sillon des anciens prêtres, mais dans celui des prophètes.
Et dans cette lignée, Jésus se détache de la conception rituelle de la religion en critiquant la place accordée aux préceptes humains liés à la pureté rituelle avant l’observation des commandements de Dieu, c’est-à-dire l’amour de Dieu et du prochain qui « vaut plus que tous les holocaustes et sacrifices ».
Même la mort de Jésus, appelée à juste titre « sacrifice » par les chrétiens, n’avait rien à voir avec ces anciens sacrifices et en était tout le contraire : l’exécution d’une sentence de mort par crucifixion - la plus honteuse - en dehors des murs de Jérusalem...
Alors, en quel sens Jésus est-il prêtre ?
La Passion du Christ est présentée comme une prière et comme une offrande. Jésus fait face à son heure qui le conduit à la mort sur la croix, plongé dans une profonde prière qui consiste à unir sa propre volonté à celle du Père. Cette volonté unique et double, est une volonté d’amour. Vécue dans cette prière, l’épreuve tragique que Jésus s’apprête à affronter se convertit en offrande, en sacrifice vivant. Jésus, ayant obéi jusqu’à mourir en croix, devient une « cause de salut » pour tous ceux qui lui obéissent.
Cela revient à dire qu’il est devenu un grand prêtre parce qu’il a pris sur lui tout le péché du monde en tant qu’Agneau de Dieu. Et c’est le Père qui confie à Jésus ce pouvoir sacerdotal, au moment même où il passe de la mort à la résurrection.
Il ne s’agit donc pas d’un sacerdoce au sens de la loi mosaïque, mais selon l’ordre de Melchisédech, c’est-à-dire selon un ordre prophétique qui dépend seulement de la relation unique que Jésus entretient avec son Père. C’est l’amour divin qui transforme l’amour avec lequel Jésus accepte, par avance, de se donner pour nous. Cet amour divin n’est rien d’autre que l’Esprit Saint, l’Esprit du Père et du Fils, le même Esprit qui consacre le pain et le vin et transforme leur substance en Corps et Sang du Seigneur, en rendant présent dans ce sacrement le même sacrifice qui s’accomplit de façon sanglante sur la Croix.
Cette force divine, celle-la même qui a réalisé l’incarnation du Verbe, transforme l’extrême violence et l’extrême injustice du sacrifice du Calvaire en acte suprême d’amour et de justice.
C’est l’oeuvre du sacerdoce du Christ dont l’Eglise a hérité et qu’elle prolonge dans l’histoire, sous la double forme du sacerdoce commun des baptisés et de celui des ministres ordonnés, pour transformer le monde par l’amour de Dieu. (...) »